L’histoire du Cinéma au Bénin

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Un peu d’amour, de Soleil et d’Eau fraîche…

Parler de l’histoire du cinéma au Bénin, revient à parler de l’évolution du cinéma béninois depuis l’ère de la pellicule jusqu’au numérique voire le tout numérique.

Parler du cinéma béninois c’est parler de la SODACI (Société Dahoméenne de Cinéma)) mère de l’OBECI(l’Office Béninois de Cinéma)

Parler du cinéma béninois revient à parler des salles de diffusion telles que Ciné IRE AKARI, Ciné le Bénin, Ciné Concorde, Ciné VOG, ciné BOPECI, Ciné les Cocotiers, etc.

Parler du cinéma béninois, c’est parler de la nationalisation des salles de diffusion en 1974 sous le régime révolutionnaire, de la mise en gestion libre des salles et plus tard de leurs fermetures en 1988.

Parler du cinéma béninois revient à parler des grands hommes qui ont écrits chacun en ce qui le concerne l’une des plus belles pages de cette histoire.

Parce qu’il s’agit évidement d’un très grand nombre, dont je voudrais ici, pour l’exemple, citer dans un ordre quelconque, quelques figures, non pas les plus importantes parce qu’elles sont toutes importantes, mais celles qui s’affichent en ce moment sur le tableau de ma petite mémoire.

Parler du cinéma béninois c’est parler de la Direction Nationale de la Cinématographie et de son premier Directeur, du code de l’industrie cinématographique au Bénin, etc.

Comme quoi c’est un grand chantier que nous entamons avec l’écriture de cet article.

Nous n’avons pas la prétention de détenir tout le savoir, encore moins d’être un donneur de leçon sur ce vaste domaine de la cinématographie au Bénin. Nous continuons aussi d’apprendre à travers nos recherches.

En essayant d’ébaucher les quelques lignes qui vont meubler cet article, notre souci est d’apporter un tant soit peu notre pierre à cet édifice pour que jamais l’on ne dise : « Il n’y a personne ».

Nous pensons que notre article sera comme une course de relais.

Peut être que nous apportons un peu d’amour, peut être c’est un peu de soleil, peut être aussi que c’est de l’eau fraîche.

Que d’amours splendides j’ai rêvé en écrivant cet article, il fallait l’écrire en ces temps où la jeune génération a soif du savoir et essaie de se faire une idée de ce que c’est que le cinéma béninois.

J’écris cet article dans une très grande familiarité, en tant que simple serviteur. Je me mets dans la même démarche que les grands qui travaillent la nuit pour faire renaître la vérité en plein jour, surtout pour les jeunes qui cherchent et se cherchent. Restons digne en tant que cinéaste béninois.

Nous osons, commettre toutes les imprudences, du moment où nous savons que ce détonateur si nous pouvons nous permettre d’appeler notre article ainsi, empêchera la résistance à la bêtise d’où qu’elle vienne. Merci de ne pas garder sur vous le témoin de cette course de relais.

Je me souviens, comme si c’était hier, de ce fameux hommage rendu à l’un des dignes fils, que dis-je de ce digne cinéaste béninois qui a fait parler de lui et du cinéma béninois à travers toute l’Afrique.

Je me souviens du choc émotionnel que provoqua en moi cette vision qu’avait l’ancien directeur, le premier directeur de la cinématographie béninoise, feu Sévérin AKANDO, de rendre hommage à ce doyen de son vivant. Je veux parler de feu doyen Pascal ABIKANLOU.

Je vois défiler devant mes yeux comme si c’était hier les moments forts, surtout quand le doyen prenait la parole sur scène. L’émotion était à son comble.

Pour le jeune que j’étais, c’était à travers lui toute une génération qui parlait.

J’entends encore résonner dans mes oreilles, cette mélodieuse voix.

Ah ! Cet homme géant de part sa taille, debout devant le micro en face d’un public venu lui rendre un hommage bien mérité.

Le doyen Pascal ABIKANLOU, pour nous jeune génération, était le porte flambeau du cinéma béninois.

Alors me vient à l’esprit :

Comment puis-je faire l’historique du cinéma dahoméen sans parler de ceux qui l’ont fait.

Je serai tout de suite passé à côté.

Si je ne parle pas des feux doyens Pascal ABIKANLOU, Richard De Medeiros, Severin AKANDO, du doyen François Sourou OKIOH et j’en aurais oublié.

Qu’il me soit permis de m’attarder sur les deux premiers car ils sont particuliers et à chacun sa particuliarité.

D’abord feu doyen Pascal ABIKANLOU

Dessinateur industriel de métier et passionné de photographie dont il a suivi les cours par correspondance, feu doyen Pascal ABIKANLOU a été reporter avant de devenir assistant cadreur.

Il a été employé par le consortium Audio-visuel International comme Opérateur d’Actualités et après un stage en France, il a été amené à faire de la mise en scène.

Je me souviens encore lorsque ce géant baobab parlait de son long métrage: Sous le Signe du Vodoun, il disait je cite : « … Pour moi c’est encore une leçon, un essai. »

Voyez combien les grands hommes peuvent être humbles.

J’en parle parce que j’ai eu le privilège d’avoir côtoyé l’illustre doyen, d’avoir subi la rigueur de travail de ce cinéaste béninois hors pair.

Le doyen adore cadrer, c’est pour lui une passion. L’amour pour le matériel de travail, le goût du travail bien fait, je peux dire sans prendre le risque de me tromper que je l’ai en partie eu de lui.

Le doyen a une production en cours, c’est parti pour des jours d’entretien. Merci doyen pour cette passion partagée.

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Sous le Signe du Vodoun, est le chef-d’œuvre dont parle le doyen avec tant de modestie et pourtant !

A voir la période, les difficultés du moment tant matériels que financiers, les acteurs sans parler de la thématique : « Le Vodoun », il fallait être Pascal ABIKANLOU pour s’y aventurer.

Sous le Signe du Vodoun a été tourné en 1973, peu avant la nationalisation du Cinéma béninois.

Sous le Signe du Vodoun, c’est l’histoire d’un jeune dahoméen qui après avoir abandonné sa culture et surtout le côté cultuel du vodoun de sa famille subira la rigueur des ses derniers. Il sera contraint de venir faire des rituels sans lesquels ni lui, ni sa famille ne connaîtront jamais la paix.

Le rôle de ce jeune homme a été majestueusement interprété par le très talentueux Gratien ZOSSOU.

Sous le Signe du Vodoun est un fait qui est toujours d’actualité.

Aujourd’hui la jeunesse béninoise est en perte d’identité, elle échappe à l’essentiel…

Or, un peuple sans culture est un peuple sans identité.

Le doyen Pascal ABIKANLOU pour terminer c’est le réalisateur à la caméra.

Que ses faits et gestes nous inspirent, nous jeunes qui, arpentons ce m étier qu’est le cinéma.

Feu Richard De Medeiros

Un autre doyen, une autre école

Spécialiste du surréalisme qu’il a enseigné à l’université d’Abomey- Calavi jadis université de Cotonou.

Richard De Medeiros est venu au cinéma alors qu’il faisait ses études en France. En 1969 à Alger où il était professeur de lettres à l’Institut de Journalisme, il réalise : « Le Roi est Mort en Exil» qui est une enquête sur les conditions de détention et du mystère qui entoure la mort du roi Béhanzin ; en 1972 « silence et feu de brousse », en 1974 « téké, l’hymne au Borgou » puis en 1976, il réalise son premier long métrage, le second du Bénin avec en coproduction l’Office Béninois de Cinéma.

Le Nouveau Venu est un conflit de génération ou l’ancien, le doyen utilisera les pouvoirs occultes pour nuire à son chef, un jeune nouvellement nommé à la tête de la société.

Le Nouveau Venu est un fait de société que nous vivons d’une manière ou d’une autre.

Puissent les pulsions qui animaient nos doyens inspirer la nouvelle génération de cinéaste que nous sommes.

Severin AKANDO

Maître comme j’aimais l’appeler, car avec Severin AKANDO, c’est plus de 18 ans de cohabitation, de travail, d’échanges bref de vie tout court. Severin et moi, nous nous sommes connu dès son retour de L’URSS(Union des Républiques Socialistes Soviétiques) où il a étudié la Direction de la Photographie au C.C.S(Centre Culturel Soviétique) où j’officiais comme Projectionniste. Aujourd’hui il n’est plus de ce monde et qui mieux que moi peut parler de cet homme exceptionnel en son genre ?

Severin AKANDO c’est la rigueur à l’extrême, une rigueur qu’il applique à lui-même dans tout ce qu’il fait, jamais satisfait.

Severin AKANDO, a été le premier béninois, Directeur de la Photographie sortit d’une école de Cinéma.

Severin AKANDO, a été le premier Directeur de la Cinématographie au Benin.

Severin AKANDO, a été le premier Directeur de l’Institut Supérieur des Métiers de l’Audiovisuel « ISMA »

Auteur de plusieurs œuvres cinématographiques, il est surtout, le producteur, réalisateur et caméraman de « BALEMON, ou la Tragédie de l’AMOUR », un film qu’il n’a pas pu sortir jusqu’à sa mort.

Severin AKANDO, a été le premier a osé ouvrir le grand chantier du code de l’industrie cinématographique au Bénin.

Oui maître c’était sous votre leadership que nous avions entamé ce code.

Je dis nous car pour cette entreprise, il y avait Clotaire TOTTON, un de vos fidèles disciples, votre éternel assistant à la réalisation et moi même Brice Edmond TCHIBOZO, ton éternel assistant à la caméra.

Maître, permet moi de te remercier dans ta langue maternelle, cette langue que tu n’a jamais oublié malgré la langue Russe du pays où tu as étudié plus de 7 ans et la langue « Adja » de klouékanmey qui t’a adopté.

« à wà nù », c’est à dire « tu as fait ».

Et pour faire le travail, nous savons tous que nous avons marché sous le soleil, sous la pluie, marché longtemps et, parfois péniblement pour que naisse le code de l’industrie cinématographique du Bénin. Même si ce n’est pas encore ce que nous voulons, il nous a fallu du chemin.

Je me rappelle encore les allées et venues entre le Ministère de la Communication sis à côté de la direction générale de la SONACOP et l’ONIP(Office National de l’Imprimerie et de la Presse).

Je me souviens de cette jeune direction sans dotations de fournitures de bureau avec un personnel réduit.

Nous étions à peine trois, vous même et vos deux assistants que nous étions, Clotaire et moi-même.

Alors que je parle, je ressens l’odeur de la stincill et de l’encre des rénotipeurs.

Sur ce chemin, maître vous ne me direz pas que votre pensée a été trahie.

Lorsque j’évoque le souvenir du doyen Noêl ALLAGBADA, alors Directeur de l’ONIP.

Non! Car autant vous étiez dévoué à cette cause, autant vous aviez rencontré sur votre chemin des hommes « bons », des hommes merveilleux.

Je me rappelle pour fermer cette parenthèse du code de la cinématographie béninoise de votre motobécane rouge que nous avions réparé pour la circonstance et qui faisait office de moyen de déplacement pour la direction.

Oui maître! Avec vous, nous avions appris à rêver et à croire à nos rêves.

Il nous arrivait et très souvent d’ailleurs de vous prendre sur le porte-bagage de cette motobécane et vous trimbaler dans les rues de Cotonou.

Oh!Là là! Que de souvenirs inoubliables!

Il fallait le faire en ces temps de misère. Oui, il fallait le faire et vous l’aviez fait en ces temps de grandes difficultés.

Vous l’aviez fait dans une très grande humilité avec vos disciples que nous étions.

Oui! C’était un sacerdoce et vous l’aviez accompli comme seul savent le faire les grands hommes.

Voir la suite dans nos prochaines publications

François Sourou OKIOH

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